À la fin du mois dernier, je suis revenu de six jours de canotage réparateur dans le parc provincial de Killarney, au milieu des couleurs d'automne, du beau temps et d'ami·e·s proches. Cela m'a rappelé une distinction autochtone entre le fait de passer le temps nécessaire dans la nature, dans « ce qui vous a fait », et notre expérience trop commune d'être distrait·e par le monde superficiel de « ce que vous avez fait ».
En tant qu'éducateur de plein air et environnemental de carrière, je cherche à exposer les gens de tous âges à la beauté, à l'émerveillement et à l'interêtre de ce premier monde... celui dont toute vie dépend, celui dont j'ai fait l'expérience à Killarney avec, entre autres, les cris du huard et de la chouette rayée. Mais aujourd'hui, nous sommes de plus en plus pris dans nos propres créations artificielles.
Il y a une extinction de l'expérience directe qui nous sépare de ce qui compte vraiment, d'une manière qui nous diminue et menace l'avenir de la vie sur terre.
En 2010, j'ai été formé par Al Gore en tant que présentateur bénévole de Réalité climatique. Depuis lors, j'ai fait 669 présentations à des publics très variés et j'ai facilement passé plus de 10 000 heures à faire des recherches sur la science des changements climatiques et ses solutions.
Si je fais ma part en conduisant un véhicule électrique, en mangeant moins de viande et en abandonnant le gaz naturel pour le chauffage domestique, je me rends compte qu'il est plus important de changer les lois que les ampoules, qu'il est urgent de changer le système sous l'impulsion du gouvernement. Comme le souligne avec justesse Greta Thunberg, une jeune militante pour le climat, dans cette vidéo de décembre 2020, cela ne peut se faire que si « nous, les gens », demandons ce changement - de manière forte, persistante et en grand nombre.
Au Canada, il y a eu sept élections fédérales depuis 2000, et cinq d'entre elles ont abouti à des gouvernements minoritaires. Bien que de tels résultats soient généralement considérés comme une conséquence inévitable des divisions entre les Canadien·ne·s, il est peut-être temps de les interpréter autrement. Nous ne faisons pas confiance aux gouvernements majoritaires. Nous voulons que nos politicien·ne·s travaillent ensemble pour tous et toutes les Canadien·ne·s.
Les résultats de notre récente élection fédérale offrent une occasion qui pourrait bien être notre dernière et meilleure chance de répondre à cette urgence. Les Canadien·ne·s ont élu un certain nombre de député·e·s identifié·e·s comme des « champion·ne·s du climat » par des organisations non gouvernementales (GreenPac, Leadnow et 350 Canada). Parmi eux et elles, on compte dix néo-démocrates, neuf libéraux, quatre conservateurs, deux bloquistes et deux verts.
Et si ces personnes formaient un caucus sur le climat au sein de leurs partis respectifs... un groupe qui se coordonne entre eux et elles, et avec leur caucus dans son ensemble ? Et s'ils et elles apparaissaient ensemble pour les communiqués de presse, avec différents membres se relayant comme porte-parole ? Au milieu d'une urgence climatique, pourquoi sommes-nous coincé·e·s avec la pratique d'avoir une personne comme porte-parole du parti sur un dossier ou une question particulière ? L'idée d'un mini-caucus permettrait certainement de mieux faire connaître cette question mondiale véritablement existentielle, non partisane et urgente. Il est certain que cela permettrait de passer plus facilement de la parole aux actes.
Si le Parlement veut sérieusement travailler ensemble sur ce qui est certainement la mère de toutes les questions, que se passerait-il si nous avions UN seul caucus sur le climat qui conseillerait le gouvernement ? Pourrions-nous même aller jusqu'à former un gouvernement de coalition qui utiliserait un prisme climatique pour toutes ses décisions ?
Une chose est très claire : nous devons changer la façon dont nous menons nos affaires dans notre parlement élu. Nous devons abandonner les postures partisanes face à la plus grande crise que nous ayons jamais connue. Nous devons adopter une approche commune de notre problème commun.
Nous, le peuple, devons nous faire entendre comme jamais auparavant. Nous, le peuple, devons exiger une action immédiate, de grande envergure et soutenue.
Écrivez à votre député·e. Faites la promotion du caucus sur le climat. Suggérez-leur de passer plusieurs jours à faire du canoë à Killarney ensemble.
Article original : https://ontarionature.org/empowering-climate-champions-blog/