Depuis 1995, les Nations unies (ONU) organisent des réunions annuelles sur la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) afin d'évaluer les progrès réalisés au niveau international en matière de changement climatique. Ces réunions rassemblent les parties à la CCNUCC, c'est-à-dire les pays qui ont ratifié la convention, d'où leur nom : Conférence des parties, ou COP. Ces réunions ont débouché sur des accords internationaux historiques et juridiquement contraignants, tels que le protocole de Kyoto (1997) et l'accord de Paris (2015), qui engagent les parties à respecter des obligations en matière de réduction de leurs émissions de gazes à effet de serre et à s'engager sur la voie de l'action climatique.
Les représentant·e·s de gouvernements municipaux, tels que les maire·sse·s et les organismes représentatifs comme l'ICLEI (Local Governments for Sustainability), participent également à ces conférences afin de souligner le rôle des villes dans la transition vers un avenir plus durable. Bien qu'il appartienne aux organes nationaux de ratifier les accords conclus lors des COP, une grande partie de la mise en œuvre de ces accords incombe naturellement aux villes du pays, où les populations et les émissions sont les plus concentrées. Il est essentiel de comprendre le rôle des villes dans la lutte contre le changement climatique pour créer des plans d'action climatiques solides qui permettront de réaliser les engagements climatiques de chaque pays.
Martin Damphousse, le maire de Varennes, QC, a assisté à la COP27 en tant que représentant l'Union des municipalités du Québec (UMQ). Dans une entrevue que le Projet de Réalité Climatique Canada a réalisée avec M. Damphousse, il souligne que « Les citoyen·ne·s et les municipalités sont les premier·ère·s à vivre et écoper des conséquences des événements climatiques extrêmes qui demeurent plusieurs mois et années après l'incident », faisant des municipalités des voix cruciales dans le partage des solutions et des expériences vécues sur la scène mondiale.
Au Canada, les villes sont responsables d'environ la moitié des émissions du pays dans des secteurs tels que le transport, les bâtiments et la gestion des déchets. Le Canada abrite également plus de 8000 espèces, 24 % des forêts boréales du monde, 25 % des forêts tempérées du monde, 25 % des zones humides du monde et la troisième plus grande superficie de glaciers au monde. Avec la COP27 qui vient de s'achever à Sharm el-Sheikh et la COP15 sur la biodiversité qui se tiendra prochainement à Montréal, nous constatons que le rôle des villes dans l'adoption de mesures climatiques et de pratiques de conservation est de plus en plus reconnu et mis en avant. Les décisions prises lors de ces deux conférences influenceront le niveau de soutien disponible pour les municipalités afin qu'elles se transforment en communautés résilientes.
Que s'est-il passé à la COP27 ?
L'Accord de Paris de 2015 a jeté les bases de l'intégration du discours sur le développement urbain durable et les villes au sein des espaces de la COP grâce aux engagements des parties à une action climatique multi-niveaux entre les niveaux de gouvernance sur le climat. Depuis lors, les contributions déterminées au niveau national (NDCs) des parties liées au contenu urbain ont augmenté de 69% à 84%, signalant la nécessité de discuter de la façon dont les gouvernements nationaux peuvent construire des voies solides pour permettre une action climatique infranationale accélérée.
Lors de la COP27, la toute première réunion ministérielle sur l'urbanisation et le changement climatique a eu lieu, rassemblant des représentant·e·s des gouvernements locaux et régionaux, des ministres du logement, du développement urbain, de l'environnement et du changement climatique, ainsi que des expert·e·s non partisan·e·s et non étatiques dans le domaine, afin de discuter des cadres qui soutiennent l'action climatique au niveau local. La réunion était axée sur le logement et le développement urbain, les discussions sur l'action à plusieurs niveaux et la réaffirmation des engagements de l'Accord de Paris, ainsi que le lancement de l'initiative SURGe (Sustainable Urban Resilience for the Next Generation).
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Les enjeux de la COP15
Les villes constituent un espace de convergence entre les populations urbaines denses et les écosystèmes naturels environnants. À mesure que l'urbanisation se poursuit, les écosystèmes essentiels qui favorisent la biodiversité sont menacés, ce qui contribue à la crise globale de la biodiversité.
Parmi les principales menaces qui pèsent sur la biodiversité figurent la perte et la fragmentation des habitats, ainsi que la pollution de l'air, de l'eau et des sols résultant du développement des environnements et infrastructures urbains. Les gouvernements locaux ont le pouvoir de protéger ces écosystèmes et d'améliorer la biodiversité de leur région en intégrant des solutions naturelles - comme l'augmentation du couvert forestier et l'expansion et le renforcement des espaces verts - ainsi qu'une meilleure planification urbaine qui protège les habitats essentiels et la santé des écosystèmes. M. Damphousse note que « [les municipalités] peuvent également agir pour adapter le territoire et minimiser les conséquences des événements climatiques extrêmes, notamment en matière d'infrastructures ». En prenant compte de l’énorme pouvoir soit cultivateur ou destructeur des villes sur le plan des écosystèmes urbains, les habitant·e·s peuvent inciter leurs élu·e·s à utiliser ce pouvoir pour empêcher toute aggravation de la crise de la biodiversité.
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L'équipe du Projet de la réalité climatique Canada vise à distiller les informations de ces COP pour les partager dans des articles comme celui-ci, ou notre plus récent bulletin politique, et dans le cadre des Dialogues pour le climat (pour la COP27 et la COP15) qui comprend toute une série de discussions et de debréffages. Notre objectif est deréduire l'opacité de ces négociations avec une programmation qui vous accompagne tout au long des COP et ainsi fournir un compte rendu de ces négociations de haut niveau qui vous sera utile dans votre plaidoyer pour une politique climatique locale ambitieuse.