Bilan de la COP28

L’accord final de la COP28, la 28e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a été adopté par 200 États le 13 décembre, après de longues négociations. Les membres de la société civile présent·e·s sur le terrain et dans le monde entier ont plaidé sans relâche pour un plan d'action plus ambitieux, la justice pour les populations et les pays les plus vulnérables à la crise climatique, et un engagement clair en faveur d'une sortie définitive et rapide des énergies fossiles. Face au nombre record de lobbyistes de l'industrie des énergies fossiles sur place, les progrès ont été durement acquis.

Cela peut paraître surprenant, mais après près de 30 ans de négociations, c'est la première fois qu'un accord officiel contient un engagement explicite à abandonner les énergies fossiles — la principale source d'émissions à l'origine du changement climatique. L'objectif global demeure la neutralité carbone d'ici 2050 et le respect du seuil de +1,5°C pour l'augmentation de la température mondiale. Alors que des progrès notables ont été réalisés au niveau du discours, les réactions sont restées mitigées quant à l’action.

Plusieurs ont été encouragé·e·s par la mention explicite des énergies fossiles et rassuré·e·s par l'adoption d'un plan concret de mise en œuvre d'un fonds destiné à indemniser les pays du Sud pour les pertes et les dommages résultant du changement climatique, notamment les sécheresses, les incendies de forêt, les inondations et les tempêtes majeures plus intenses et plus fréquents. Cependant, de nombreuses organisations de la société civile ont exprimé leur déception face au manque d'ambition, critiquant les lacunes et le langage ambigu dans le texte.

Le Réseau Action Climat Canada a salué « une vague de soutien historique en faveur d’une transition juste, fondée sur la science, hors des énergies fossiles et vers les énergies renouvelables », mais a également souligné de nombreux points faibles dans le texte. Le Climate Reality Project a qualifié l'accord final de « progrès imparfait ». L'Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a notamment émis des réserves, jugeant le texte insuffisant pour faire face aux menaces climatiques, notamment l'élévation du niveau des mers qui menace l'existence même de bon nombre de ses États membres. Au cours de la conférence, Indigenous Climate Action a également lancé le rapport Decolonizing Climate Policy Phase 2 (Décoloniser la politique climatique, phase 2): «Nous savons que les politiques climatiques menées par les colons [settlers] échouent [...]. C'est pourquoi nous cherchons ailleurs les vraies solutions, les approches transformatrices de l'élaboration des politiques à partir de la base, afin de mettre en valeur nos propres modes de relation à la terre, aux eaux et aux territoires» (traduction libre).

Des représentant·e·s des niveaux régional et municipal étaient également présent·e·s à la COP28, soulignant l'importance de la politique locale pour la réduction des émissions et l'adaptation lors du Sommet local sur l'action climatique (un enregistrement vidéo de la première journée de l'événement est disponible, en anglais). ICLEI et C40 Cities ont tous deux fourni des analyses et des comptes renuds d'un point de vue municipal (contenus en anglais). Dans le cadre des Dialogues pour le climat, les enjeux municipaux ont également été abordés lors du panel « Les villes pour accélérer l'action climatique dans la gouvernance et la société ».

Le mobilisation citoyenne sera incontournable pour générer un élan vers le changement collectif et assurer la responsabilisation pour les engagements pris lors de la COP28 (voir même les dépasser!). Le travail de Réalité climatique Canada se poursuit en ce sens par le biais de nos formations en action citoyenne, notre réseau de Carrefours communautaires climatiques et la collecte de données de la Ligue nationale pour le climat — des projets qui s'inscrivent dans un vaste mouvement en faveur de collectivités plus saines, plus justes et préparées face à la crise climatique. Ce travail ne peut se faire sans l'engagement et la collaboration des gens de partout au pays.

Comme le rapporte The Hill, Al Gore, fondateur du Climate Reality Project, a déclaré: « C’est pourquoi la pression citoyenne — de la part de personnes qui comprennent la gravité des enjeux — est un élément crucial... Il est temps que les gens s'expriment au niveau local, dans tous les pays. Nous devons briser le blocus que l'industrie des énergies fossiles et les grands États pétroliers ont utilisé pour entraver ce processus » (traduction libre).

« Même si l’on voit bien l’étoile polaire, par l’intégration d’une mention explicite des énergies fossiles, il semble que la vue soit encore brouillée par l’épais smog de Dubaï. La science et les savoirs autochtones ne laissent aucune ambiguïté : pour arrêter la hausse des températures et assurer un avenir viable, nous devons équitablement sortir des combustibles fossiles et passer à un véritable zéro émission nette d’ici 2050. Fin de l’histoire. Les pays riches ont créé cette crise climatique. La CdP28 était l’occasion de réparer ce tort et de planifier adéquatement une réponse mondiale à la plus grande crise de toutes, de financer adéquatement les pays du Sud pour se reconstruire après les catastrophes climatiques, s’adapter au réchauffement climatique et construire des économies résilientes basées sur les énergies propres. Malheureusement, même si cette décision entre dans l’histoire, elle ouvre la voie à des failles dangereuses avec des technologies non éprouvées, maintient le capitalisme carbone et échoue en termes d’échelle, de moyens de mise en œuvre et d’équité. En tant que société civile, nous garderons les yeux rivés sur notre étoile polaire, élevant et amplifiant les voix des communautés les plus impactées et exigeant la justice climatique. » — André-Yanne Parent, directrice générale du Projet de la réalité climatique Canada, était présente à la COP28 (sur la photo ci-dessous, elle participe à l'action sur l'objectif mondial en matière d'adaptation).

Biodiversité COP15 et Climat COP28 : Solutions aux causes sous-jacentes des crises

En collaboration avec Nature Québec et COPTICOM, Réalité climatique Canada a présenté une table ronde au Pavillon du Canada sur les causes sous-jacentes des crises simultanées de la biodiversité et du climat. Pour s'attaquer efficacement à la polycrise, il faut agir dans de nombreux domaines politiques vastes et divers — systèmes économiques, structures institutionnelles, modèles de production et gestion des ressources, pour n'en nommer que quelques-uns. Cette conversation donne suite à l'Appel de Montréal, lancé lors de la COP15 et endossé par des représentant·e·s de gouvernements et d'organisations du monde entier dans l'objectif d'offrir de l'espoir face à la crise climatique et à la perte de biodiversité. Comment pouvons-nous faire en sorte que les causes sous-jacentes de ces crises fassent partie des négociations de la Conférence des Parties (COP)? Ce panel, auquel a participé André-Yanne Parent, directrice générale de Réalité climatique Canada, a permis d'avoir une vue d'ensemble des enjeux et de discuter d'approches holistiques pour aborder des problématiques complexes et interreliées.

Écouter l'enregistrement sur notre chaîne YouTube.

« Rewrite COP »

Le 9 décembre, lors de la #COP28, le Pavillon du Canada a présenté des poèmes issus de la campagne RewriteCOP, qui vise à élargir le débat sur les politiques climatiques par le biais d'histoires et d'œuvres d'art. Fruit d’une collaboration, menée par Agam Agenda et les branches du Projet de la réalité climatique aux Philippines, en Afrique et au Canada, cette initiative s'est concentrée sur l'amplification des voix des personnes les plus marginalisées dans les négociations sur la politique climatique.

L'exposition présentait une combinaison de poèmes, d'art visuel et d'autres expressions créatives pour capturer les demandes nationales et régionales d'action pour le climat, ainsi que les expériences des individu·e·s faisant face au changement climatique.

RewriteCOP encourage la réflexion et la créativité afin d’exprimer les revendications aux décideur·euse·s politiques, notamment en (re)composant avec des textes diplomatiques de sommets et de conférences internationales sur le climat et la biodiversité. En bref, l'exposition visait à interpeller les délégué·e·s par l'expression artistique en exprimant la volonté populaire d'agir face à urgence de la crise climatique.

24 Heures de la réalité

Alors que nous avons vu cette année des vagues de chaleur, des incendies et des inondations historiques, qui ont provoqué une crise chez des millions de personnes, notre projet annuel 24 Heures de réalité nous a emmené au cœur de la COP28 à Dubaï pour y trouver des réponses mondiales.

Élaboré depuis Dubaï, ce portail de contenus vous propose analyses, entrevues et bien plus encore. Vous serez transporté·e au cœur des négociations et entendrez des voix inspirantes de jeunes, de dirigeant·e·s autochtones et de défenseur·e·s de la lutte contre les combustibles fossiles.

C'est l'occasion d'entendre la perspective des militant·e·s sur le terrain, présent·e·s à la COP, dont plusieurs représentant·e·s des branches régionales du réseau mondial du Climate Reality Project. Découvrez également des vidéos capsules d'Al Gore qui dresse un bilan de la conférence (contenus en anglais).

Écouter, lire et découvrir, ici.

Les Dialogues pour le climat

=Les Dialogues pour le climat, c’était deux semaines de rencontres intersectorielles tout au long de la 28e Conférence des parties (CdP28, ou COP28 en anglais) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

Dans un espace animé par la société civile du Québec et du Canada, la programmation a compris des panels, discussions et débreffages quotidiens pour suivre l’évolution des négociations et cerner les enjeux.

Les enregistrements sont disponibles sur notre chaîne YouTube.